samedi 26 novembre 2016

Une chanson douce entêtante



Leïla Slimani signe son deuxième roman avec Chanson Douce et obtient cet automne le tant convoité prix Goncourt. D'habitude nous ne sommes pas toujours convaincus par l'attribution des prix littéraires, surtout celui-ci, mais cette année nous sommes ravis !



Dès les premières lignes, le drame est posé: la nounou a tué les enfants. 
Le reste du roman déroule le fil de l'histoire: l'histoire de ce couple qui vit dans un appartement exigu à Paris, la mère, Myriam, qui souhaite reprendre le travail pour sortir de son quotidien étouffant, l'envie de prendre une nounou même si cela représente un gros trou dans le budget... Et le casting des nounous, si justement écrit par l'auteure, jusqu'à l'apparition de Louise, une femme au visage de poupée, frêle et pourtant à la force surhumaine, soignée jusqu'au bout des ongles... Bientôt, Louise se rend indispensable à la famille. Le couple se retrouve et se repose de plus en plus sur elle. Les enfants l'adorent... La vie semble parfaite. Peu à peu, nous apprenons à connaître Louise, son passé, sa famille... Peu à peu, nous entrons dans la tête de Louise et remettons ensemble les pièces du puzzle qui permettent de répondre à cette question: "Pourquoi ?".

Chanson Douce est un roman que vous n'oublierez pas de sitôt. Vous le dévorerez, à la fois choqués et anxieux de le finir, et il vous hantera pendant un moment. 

lundi 14 novembre 2016

Coup de coeur : Shakespeare ou la fin du monde

Cela fait déjà quelques romans que les éditions Rivages nous éblouissent, notamment avec  J'ai vu un
homme d'Owen Sheers. Voici cette fois une jeune auteure canadienne résidant à New-York et qui place l'action de son nouveau roman aux États-Unis. Station Eleven n'est peut-être pas un roman vers lequel je serai allée spontanément, considérant que son résumé contient de gros mots comme "civilisation effondrée" ou "ancien monde", qui sont pour moi souvent rédhibitoire. Heureusement, une soirée en compagnie de l'auteure m'a permise de m'ouvrir l'esprit. Attention, Station Eleven n'est pas un roman post-apocalyptique comme les autres !


Tout commence à Toronto, pendant une représentation du Roi Lear. Au moment ou l'acteur principale et mondialement connu Arthur Leander s'effondre, tout change. Nous suivons Jeevan,  un ancien paparazzi, qui constate l'arrivée d'un virus de grippe mortelle dans la capital. En très, très, peu de temps une grande partie de la population mondiale est décimée. Au fur et à mesure que le roman avance, nous suivons la destinée d'autres personnages, ainsi leur passé.

Le titre, Station Eleven fait référence à une bande dessinée crée avant le cataclysme par Miranda, que nous suivons pendant un long moment. Nous découvrons également une troupe de comédiens traversant le pays pour jouer des pièces de Shakespeare au plus grand nombre. Tout ce petit monde est très attachant et les destins croisés sont toujours surprenants.



Station Eleven est un récit poignant, centré sur l'errance, l'art et l'espoir : dans un monde où tout disparaît : l'art subsiste ! Pas aussi sombre que l'on pourrait se l'imaginer, loin de stéréotypes du genre, pleins d'intrigues, ce roman ne cesse de nos surprendre. Emily St John Mandel et sa douce écriture nous transporte et on en redemande ! Une bonne raison de se pencher sur ses précédents romans souvent dans un style thriller ; On ne joue pas avec la mort ; Dernière nuit à Montréal ou encore Les variation Sebastian.


Station Eleven, d'Emily St. John Mandel aux éditions Rivages - 21€